Rendre le tourisme d’affaires plus durable est devenu une obligation
Invitée de l’émission Planète locale du 17 juin 2024, le rendez-vous hebdomadaire consacré à la transition écologique en Provence et animé par Gomet’ en partenariat avec BFM Marseille Provence. Malika Bouldi Directrice Générale de LINKEUS évoque dans cet entretien la transition écologique du secteur et l’action de LINKEUS pour aider les professionnels à s’orienter vers une activité plus durable.
Quel est le poids du tourisme d’affaires dans notre région ?
Nous sommes une région très attractive en matière d’accueil d’événements professionnels : séminaires, congrès, salons professionnels, initiatives… On est en deuxième position, après l’Île-de-France et nous sommes talonnés par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous sommes très bon sur l’accueil des grands rendez-vous professionnels à la fois sur Marseille, Toulouse, Cannes et Nice parce qu’on a trois aéroports, un savoir-faire d’accueil d’événements majeurs internationaux, une offre hôtelière de plus en plus importante, des prestataires techniques et des lieux qui se prêtent à cet accueil : le parc Chanot, le Centre des congrès d’Aix-en Provence, le Palais des papes à Avignon… On a 17 destinations qu’on promeut et l’objectif de notre structure c’est d’abord promouvoir l’offre événementielle, convaincre les décideurs d’organiser leurs événements professionnels sur notre territoire mais aussi le rendre plus vertueux.
Le tourisme pollue, d’autant plus le tourisme d’affaires. Selon l’Ademe, le tourisme représente 17 % des émissions de gaz à effet de serre. Comment faites-vous pour promouvoir un tourisme d’affaires plus écoresponsable ?
M.B. : Cette démarche d’accompagnement sur l’axe développement durable a démarré pendant la crise du Covid 19, qui a frappé sévèrement nos entreprises. On a compris qu’il y avait un enjeu majeur et notre démarche s’est accélérée : nous avons réuni des professionnels pour réfléchir à une charte éthique et responsable autour de huit axes avec pour but d’informer, de sensibiliser, de former et d’emmener des entreprises qui n’ont pas de certifications ou qui ont des politiques très engagées en matière de responsabilité environnementale, sociale et économique vers un parcours en attendant de leur proposer un accompagnement personnalisé de certification.
Cette charte, sortie en 2021 a recueilli environ 80 signatures d’entreprises du réseau Linkeus. Elle est désormais devenue obligatoire pour toutes les entreprises qui veulent adhérer à notre réseau : on a aujourd’hui 200 entreprises qui ont signé cette charte et dont les engagements sont tenus. Le processus ne s’arrête pas à la signature de la charte. Nous demandons régulièrement un bilan aux entreprises de tout ce qui s’est fait en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), par exemple sur la formation des salariés ou encore sur les procédures applicables dans le domaine de l’événementiel.
Concrètement, que peuvent faire les entreprises pour réduire leur impact environnemental ?
M.B. : L’enjeu c’est de savoir comment arriver à un management structuré et responsable pendant un événement, quel qu’il soit. Il est par exemple possible de réduire la pollution en incitant les participants à prendre les transports en commun, à mieux consommer et à gérer leurs déchets. C’est souvent aussi le flux des participants qui génère des déchets. On ne peut pas leur en vouloir : nous sommes une région attractive et nous souhaitons garder notre positionnement, mais notre objectif c’est d’aider les entreprises à rendre l’événement plus éco-responsable. Il est également primordial de travailler sur les ailes de saison, c’est-à-dire inciter les entreprises à organiser leur voyage d’affaire en dehors des périodes de l’année les plus prisées, afin de répartir les flux.
Ça devient même une obligation de faire des événements éco-responsables, comme cela était le cas pour l’organisation du Congrès mondial de la nature au parc Chanot, à Marseille en 2021.
M.B. : Tout à fait, pour répondre à l’appel à candidature pour l’accueil du Congrès mondial de la nature en septembre 2021, c’était une obligation pour le Parc Chanot d’être ISO 20121. Cette norme peut être appliquée à des centres des congrès, comme Chanot, mais aussi à des traiteurs par exemple. Pour les hôtels, c’est davantage le label Clef verte qui est plébiscité. Ces labels représentent un engagement global sur l’éco-responsabilité d’un événement.
Justement, quelle est cette norme ISO 20121 et quels sont les critères concrets pour l’obtenir ?
M.B. : Il s’agit d’une norme internationale instaurée en 2012 par l’ISO (organisation internationale de normalisation, ndlr) qui englobe tout un lot de mesures à déployer, c’est pourquoi il est assez difficile de l’obtenir. C’est un processus qui dure 18 mois et qui débute par une sensibilisation du manager, puis des équipes. C’est très personnalisé pour aider une entreprise à engager sa structure mais aussi ses fournisseurs et ses clients, parce que ça ne marche pas l’un sans l’autre. Si l’entreprise est ISO mais que ni le client ni les fournisseurs ne sont sensibles à l’éco-responsabilité, ça ne fonctionne pas. Ce sont des normes qui impliquent les volets social, économique et bien sûr environnemental qui est essentiel : gestion des déchets, circuits courts, identification des fournisseurs vertueux, gestion des restes alimentaires.