Tourisme d’affaires, un secteur aux abois
Tourisme d’affaires, un secteur aux abois
Lundi 12 octobre 2020 à 15h00
Complètement à l’arrêt et sans perspective de reprise, la filière événementielle de la Côte d’Azur en appelle à de nouvelles mesures pour éviter l’hécatombe.
Interdiction des événements de plus de 5.000 personnes (et même 1.000 personnes depuis quelques semaines), suppression des vols internationaux, le secteur du tourisme d’affaires est au point mort en France suite à la crise du coronavirus. Sur la Côte d’Azur, où l’activité concentre environ 10% de la fréquentation touristique annuelle avec des événements internationaux à Cannes (deuxième destination d’affaires en France après Paris), Nice, ou Monaco, un écosystème entier se retrouve paralysé.
Centres des congrès, lieux événementiels, hôtels, agences réceptives, prestataires d’activités, traiteurs, transporteurs, prestataires techniques, sont d’ailleurs rassemblés au sein du collectif Provence Côte d’Azur Events (225 membres, 9.800 salariés et 1,4M € de chiffre d’affaires). « La situation est évidemment catastrophique, constate Fabrice Lavergne, son président délégué, directeur général de Pavillon Traiteur. Nous n’avons pas d’activité. Une grande majorité de nos entreprises -90% de PME- ont souscrit un Prêt Garanti par l’Etat ou un prêt tourisme Bpifrance, qu’il va falloir rembourser. Nous sommes sans visibilité de reprise, alors que les charges fixes, elles, perdurent. Elles ne sont ni prises en charge pas les assurances, qui nous ont laissés tomber, ni par l’Etat. On est en train de creuser la tombe dans laquelle on va être enterrés. »
« De la visibilité ? Honnêtement on n’y croit plus »
Les charges fixes ? Inchangées, congés payés dus sur les salaires, loyers, entretien de l’appareil de production ou encore veille commerciale. « Chaque entreprise sait combien de mois elle peut encore tenir, pour la plupart jusqu’à 2021, reprend le président délégué de Provence Côte d’Azur Events. Mais sans aide significative directe ou indirecte pour nos charges fixes, ce sera direction le tribunal de commerce pour un dépôt de bilan ou une mise à l’abri. »
Constat amer, mais lucide d’une filière qui n’ose même plus se raccrocher à une éventuelle date de reprise. « Avoir de la visibilité, honnêtement on n’y croit plus. Il n’y aura rien de toute façon rien avant mars 2021, qui marque historiquement la reprise du MICE sur la Côte d’Azur avec le MIPIM. ». En coulisses, l’Union française des métiers de l’événement oeuvre pour débloquer la situation. « Il faut que le gouvernement se rende compte que le seul secteur qui reste à l’arrêt, c’est celui du tourisme d’affaires, souffle Fabrice Lavergne. Et que la gastronomie est un pilier de notre culture et un argument pour faire venir les congressistes en France. Perdre les traiteurs, c’est perdre un savoir-faire centenaire. C’est un patrimoine à préserver. »
Pavillon Traiteur reste sur sa faim
Impactée par l’arrêt des congrès, l’entreprise de Mouans-Sartoux, autrefois florissante, voit sa survie menacée.
« Cette année, nous allons faire 20% de notre chiffre d’affaires habituel (10 M€ – Ndlr). Et encore, ce sera grâce aux mois de janvier et février. » Pour Fabrice Lavergne, directeur de Pavillon Traiteur, spécialisé sur le MICE, c’est la portion congrue depuis le début de la crise sanitaire. « On couvre encore quelques événements à moins de 1.000 personnes qui nous offrent un sursis » soupire-t-il.
Une date de péremption
Les cuisines de Mouans-Sartoux tournent au ralenti et une majorité des cinquante salariés de l’entreprise est cantonnée au chômage partiel. S’y ajoutent autant d’extras également sur le carreau. Le patron a songé un temps à une diversification. « Mais se lancer dans une activité grand public, comme la livraison à domicile, cela nécessite un savoir-faire, des équipes et une logistique complètement différents. Pour un chiffre d’affaires finalement peu représentatif. Essayer de se réinventer aurait été générateur de pertes. »
Plus gros et moins agile que les petits traiteurs, Pavillon se voit voit contraint d’attendre. Et s’inquiète: » malgré une situation très saine et une bonne rentabilité, l’entreprise aura quand même une date de fin si la situation perdure ».
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